La chienne de Naha, Gallimard, 2012

Photo Philippe Bermann, 2012

«Minuit sonne à l’église. Mes pensées se déposent en espagnol, comme si la langue de mon enfance m’avait recolonisée tout entière, une flaque d’or s’élargissant au fond de moi. Toute la colline fermente contre le ciel, autant d’arbres fraternels, soudés comme les vagues dans la mer, bercée par leur masse en mouvement. Les morts sont autant d’arbres, ils poussent parmi nous, mêlés à nous, être mort est une belle chose, simple et agréable. La nuit est douce, piquetée d’astres, j’imagine les chèvres dans les cimetières goûtant de leur langue rêche la bière répandue sur les tombes.
Une balle tirée d’un point obscur pourrait pénétrer par la fenêtre et m’atteindre à cet instant. C’est une conviction très forte, une évidence en cette nuit des morts : quelqu’un est là, qui me vise le cœur.»

Revue de presse

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Avec «La Chienne de Naha», l’écrivain belge confirme la puissance onirique de son écriture. (…) Oui, une femme est entièrement présente, en ces pages sans fioritures, plongée dans la profondeur du texte. A tous les sens du terme elle s’y enfonce, invisible sous les mots, tandis que son onde se donne et se propage à fleur de pages, éphémère, insaisissable – et saisissante, vraiment.

Bertrand Leclair, Le Monde des livres,


Caroline Lamarche (…) a toujours un livre sur le feu, concocté à partir d’une recette secrète, chaque fois différente et chaque fois délicieuse. Mais des vraies aventures en chair et en os également. On n’écrit pas sur rien ni sur personne. En tout cas, pas Caroline Lamarche. Le ciel, les arbres, les tartes au sucre et des fêtes de mort, le sexe, les parents, les amis, les sadiques, étayent ses fictions : ce dont nous sommes faits.

Claire Devarrieux, Libération.


Il ne faut pas attendre de Caroline Lamarche des joliesses littéraires, des faveurs sentimentales, des parcours bien balisés et rassurants. Ses romans ont habitué les lecteurs a une certaine âpreté des sentiments et des situations. Les conventions du réalisme ou celles de l’exercice autobiographique, il faut les repenser, semble-t-elle dire, les subvertir, pour espérer approcher d’une vérité. (…) «Je cherche la phrase capable de contenir ce que je sais de l’amour, comme une coquille contient son fruit, la note parfaite sur la portée de l’existence.» Incontestablement, cette note, Caroline Lamarche l’a trouvée.

Patrick Kechichian, La Croix.


Une entreprise ambitieuse et réussie qui nourrit un texte où se mêlent la verve du conte, la nostalgie assumée, l’autoanalyse, le goût de la nouveauté et la passion. Sans prétendre à reconstituer le «making-of» du roman, il faut insister sur l’étroite conjugaison entre tout ce qui se rapporte à l’enfance et l’aventure mexicaine. Où est la cause, où est l’effet? Peu importe. C’est la réunion des deux thématiques qui cheville littéralement le texte et ces appels soudains de l’une à l’autre, ces relations imprévues que Caroline Lamarche applle souvent des hasards objectifs mais qui génèrent des bonheurs d’écriture.

Jeannine Paque, Le Carnet et les Instants.


En mots précis, justes, Caroline Lamarche raconte superbement le voyage au Mexique (…). C’est nue qu’elle s’y rend, fragile, épaulée par une Maria intermittente, laissée aussi à elle-même. Pas d’autre issue que d’avancer, rencontrer les gens, les écouter, tenter de les comprendre, les regarder vivre et rire malgré les dangers.

Lucie Cauwe, Le Soir, 29/02/2012


Sans fioritures, la romancière excelle à dire le Mexique d’aujourd’hui, ses contrastes, la lourdeur de ses ciels d’orage, l’éclat de ses crépuscules, l’atmosphère de choc tellurique et historique qui semble encore y régler. Mais aussi la beauté d’un visage d’enfant, le mystère des légendes. Comme celle qui donne son titre au livre où l’on parle de dépouiller la femme de sa peau de chienne.

Alain Favarger, La Liberté, Fribourg.


Le voyage au Mexique est un détour. Il y a le but officiel du séjour : retrouver Maria qui vit là-bas et y défend la cause triqui. Et les raisons intimes qui butent contre la fatigue et les désillusions de la route : faire le deuil de Lucia, morte cinq ans plus tôt, et aussi celui d’un grand amour, Gilles. C’est cette approche en biais, en courbe, ce choix du détour qui donne sa grâce au livre.

Lisbeth Koutchoumoff, Le Temps, suppl. Sortir.


Il est des romans qui sont de vraies aventures de l’écriture. Fragiles et incertains d’un côté. Résolus et prenant tous les risques de l’autre (…). Tout agit : phrases brèves, formules subtiles, inflexions tremblées, réflexions tranchantes. (…) Cette écriture-là est dans le rapport le plus intime avec ce qui la porte et la figure, ce voyage qui emmène la narratrice jusqu’au coeur d’un Mexique secret, scandé par les localités d’Oaxaca, d’Etla et de Copala.

Jacques Dubois, Blogs Mediapart/Bookclub.


La Chienne de Naha» invente un équilibre inédit et fascinant entre l’intensif et le ténu, la violence et la douceur, l’ici et l’ailleurs, (…) la littérature et la vie, l’amour et… le manque d’amour. (…) Caroline Lamarche marche sur une frontière qu’elle a inventée entre la poésie et le réalisme, rapprochant ainsi deux terres littéraires opposées, aussi éloignées l’une de l’autre que la France de son enfance et le Mexique d’aujourd’hui.

Laurent Demoulin, mars 2012, culture.ulg.ac.be.


Au Mexique, il vaut mieux être un homme qu’une femme. La légende de la chienne ne signifie rien d’autre : cette bête est une Mélusine. (…) Aller au Mexique, c’est l’occasion rêvée pour un voyage initiatique.

Agnès Vaquin, La Quinzaine littéraire,


Le Mexique comme voyage initiatique, onirique, violent. Le Mexique comme terre du premier homme et de la première femme, qui agit tel un procédé de révélation photographique. Pas une double histoire, non, plutôt un double voyage, puissant et délicat à la fois, qui signe la maturité romanesque d’une de nos auteurs belges les plus douées.

GAEL, avril 2012.


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