L’Ours, Gallimard, 2000

Pour écrire, une femme veut devenir chaste. Armée de ce projet étrange, elle rencontre un prêtre. Lecteur passionné, ami jaloux et caustique, il réveille en elle le souvenir d’un amour d’enfance : celui qu’elle a éprouvé pour Blas, le guide de montagne, averti avant tous de l’invisible présence de l’ours.

Revue de presse

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Certains textes possèdent une aura, une immédiate présence. La littérature est là (…) Caroline Lamarche excelle dans le vertige, l’irruption d’une violence, d’une profusion au sein du dénuement. Ces paroxysmes nous fascinent (…) Folle, oui, mais sa langue sertie concentre chaque fulguration dans une flamme dense et tenace.

Patrick Grainville, Le Figaro littéraire, 20/1/2000


L’érotisme comme l’écriture y est manié avec une rare délicatesse. Avec efficacité aussi. La morale reste suspendue. Ce qui donne au lecteur autant de liberté que de plaisir.

Patrick Kechichian, Le Monde, 3/3/2000


Caroline Lamarche écrit sur le fil du rasoir. On sent, à chaque page, que la lame peut couper. C’est à la fois une caresse et une brûlure.

Jérôme Garcin, Le nouvel Observateur, 9/2/2000


Tout l’art de Caroline Lamarche tient dans cette façon de frôler des gouffres sans y tomber, d’avancer sur le fil du rasoir entre le pur et l’impur avec une grande sobriété de moyens et une impeccable justesse de ton.

Michel Braudeau, Vogue, Mars 2000


Un livre dense et superbe. Lumineusement transgressif.

Christian Libens, Le journal du mardi, mai 2000


Caroline Lamarche a réussi à construire un livre où l’apparente simplicité de l’écriture sert avec une telle efficacité l’audace et l’exigence de son propos qu’on en tourne les pages avec l’empressement qu’on mettrait à lire le meilleur roman d’aventure.

Jean-François Grégoire et Geneviève Bergé, Indications, 2000


Caroline Lamarche progresse avec une précision diabolique (…) La romancière jette d’autant plus le trouble que les figures métaphoriques abondent, faisant apparaître une trinité païenne : le sexe, l’écriture, l’inconscient.

Thierry Guichard, Le Matricule des Anges, avril 2000.


Caroline Lamarche traite de sujets difficiles : transgression, désir, mort, mémoire, création, et des liens qu’ils entretiennent. Le miracle est qu’elle y parvienne dans une langue concrète, dépouillée, presque enfantine, qui confère à son étrange propos une force de vérité très troublante.

Isabelle Rüf, Le Temps, avril 2000


Caroline Lamarche tient son sujet, distillant les gouttes d’un érotisme noir, et même véhément, mais toujours maîtrisé. Or, toute la réussite du livre tient dans la puissance des rêves qui hantent l’héroïne et dont l’ampleur paraît dépasser tout ce que la vie est en mesure de réaliser. Etonnant.

Alain Favarger, La Liberté/Le Courrier, 12/2/2000


Au-delà du fantasme stimulant et vaguement soufré de l’amour avec un prêtre, on s’attache surtout à la formidable énergie dépensée par la narratrice pour faire le vide autour d’elle. Non pas pour supprimer les obstacles vers l’écriture, mais pour les choisir. C’est une des leçons de l’Ours. Un roman d’initiation vers cette étrange staellisation égoïste qu’est l’écriture.

Daniel Picouly, le Journal du Dimanche, 12/3/2000


Extrait p. 45 -46 :

Le prêtre ne transpire pas, il est sec comme un sarment qui a porté beaucoup de fruits. En fin de semaine, il sent le curé. À sa mort, il répandra une odeur de sainteté, lis, rose et violette. En attendant, il sent la poussière, des odeurs sèches, des odeurs d’homme dont la sueur ne coule pas, qui n’a jamais éjaculé, même dans son sommeil, je le sais, je lui ai posé cette question-là, je voulais savoir comment c’est fait, un homme chaste. Il a l’odeur d’un corps qui ne mange pas, ou si peu, qui n’aime pas plus la nourriture que l’eau ou faire l’amour, il a cette odeur évidée de l’intérieur, parchemin, nid de guêpes déserté. Saint Paul l’a dit : l’amour est plus grand que tout. Plus grand que les odeurs corporelles. Plus grand que les vestes étriquées et les pantalons de velours côtelé portés jusqu’au cœur de l’été. Plus grand que la scoliose du prêtre, sa maigreur et son air d’oiseau sauvage. Paul sent toujours bon, ses vêtements sont d’excellente coupe, son visage est rasé de près. Et l’amour résiste à tout cela aussi.